La famille des Zingibéracées en aromathérapie (Gingembre frais, Curcuma frais…)

avril 3, 2016 0

Dès le 17e siècle, les botanistes entreprennent la classification des végétaux en étudiant les caractères morphologiques des plantes. Aujourd’hui les connaissances génétiques corrigent et affinent le classement par ordre, famille, genre, espèce et permettent d’établir des filiations. 
Nous pouvons nous interroger pour savoir si les liens morphologiques, biochimiques, génétiques, phylogénétiques existant entre un groupe d’espèces peuvent être révélés d’un point de vue thérapeutique. Les espèces appartenant par exemple à la famille des Lamiacées (Lavande, Romarin, Thym…) ou des Lauracées (Cannelle, Ravintsara, Laurier…) ont-elles des propriétés, des applications ou des modes d’actions en commun ?

De la botanique à l’aromathérapie

Unknown-3 copieEn ne limitant pas l’étude des plantes aromatiques aux données des sciences analytiques et systématiques mais en intégrant des connaissances acquises par une expérience sensible et rigoureuse au contact du végétal, il apparaît clairement des liens. Lorsque l’on saisit ces relations, cela semble être d’une telle évidence que toute présentation d’une plante sans cadrage au sein de son genre botanique, de sa famille, de son ordre semble amputée de toute sa profondeur. Il en est de même pour le terroir qui devrait être un aspect important en phyto-aromathérapie. Ces notions, il faut bien l’admettre, sont pourtant bien souvent renseignées de façon anecdotique par les auteurs d’ouvrages d’aromathérapie.

La famille des Zingibéracées

En respirant successivement les 4 huiles essentielles présentées dans mes articles précédents issues de plantes de la famille des Zingibéracées (Gingembre frais, Curcuma frais, Gingembre papillon, Maniguette fine), nous pouvons par exemple constater une familiarité, une harmonie, un fil conducteur mais qui ne s’exprime pas par des arômes communs. Je le perçois comme une expression de simplicité, d’honnêteté et de franchise.
Alors qu’il n’existe que peu de plantes aromatiques dans l’ordre de Monocotylédones, la famille des Zingibéracées apparaît comme originale par le grand nombre d’espèces engagées dans le processus aromatique. Pour exprimer la singularité de cette famille botanique, il faut faire appel à des notions d’énergie, de force. Dans un ensemble de plantes majoritairement dirigées par un principe
« terrestre », les Zingibéracées s’ouvrent à un principe de chaleur, de lumière et de « feu ». Cette recherche d’équilibre au sein des végétaux de cette famille va s’exprimer par des effets de reconnexion du psychisme au métabolisme, de la pensée à la digestion notamment.

Un principe, des expressions différentes

Unknown copieLe Gingembre est l’archétype de cette famille. Son action digestive n’est pas secondaire à une action tonifiante générale mais directrice, ce qui donne à cette plante et son huile essentielle, lorsqu’elle est obtenue à partir de rhizome frais, une place unique et remarquable en aromathérapie (BioInfo novembre 2015).
Le rhizome du Curcuma est à observer en priorité pour comprendre le principe singulier des Zingibéracées. En effet celui-ci, en plus d’être aromatique, est coloré. Un organe enfoui sous terre, développant les caractéristiques des organes aériens et notamment de la fleur, n’est pas commun. Il nous rend visible l’originalité des Zingibéracées que je me permets de symboliser de cette manière : intérioser la chaleur et la lumière dans le terrestre. Il en découle la profondeur des propriétés digestives du Curcuma, son action régénératrice et protectrice de l’appareil digestif dont l’action la plus équilibrée s’exprime dans l’huile essentielle de Curcuma frais (BioInfo décembre 2015).
Le Gingembre papillon (BioInfo février 2016) semble vouloir se libérer de cet équilibre en étant plus évanescent comme une transition vers les Orchidées, ce qui s’observe aussi bien botaniquement que biochimiquement. Il conserve cependant le lien au terrestre, ce qui lui donne son action équilibrante si remarquable sur le système nerveux, particulièrement dans les feuilles.
Enfin la Maniguette fine avec son système racinaire plus superficiel, sa graine épicée et l’arôme fleuri et sucré de ses feuilles signe au sein des Zingibéracées un geste de rassemblement qui, entre autres, diminue de façon particulièrement efficace les troubles du sommeil (BioInfo mars 2016).
Simon LEMESLE
Simon Lemesle
Agronome,
Laboratoire Astérale
www.asterale.com