Le burn out est un écho d’une société elle-même au bord de l’effondrement

octobre 3, 2022 0

Après un burn out qui l’a laissée exsangue pendant quatre ans, Estelle Rinaudo,  ancienne entrepreneuse à succès dans le domaine des technologies, a écrit un livre, « Du burn out au light in » dans une société elle-même au bord de l’écroulement…

Estelle Rinaudo, vous avez commencé votre carrière sur les chapeaux de roue. Comment  le burn out vous a-t-il surprise ? 

Je suis issue d’une famille d’entrepreneurs, et après mes études, j’ai directement rejoint ma tante dans une start-up. Je me suis vite passionnée pour cet univers d’innovation et de technologie. 

J’ai travaillé toujours plus et ai vécu une première alerte burn out : je suis alors restée couchée quatre semaines durant avec des maux de ventre. Je croyais avoir fait un burn out, mais j’ignorais que ce dernier me pendait au nez et serait beaucoup plus sévère…

Je suis partie trois mois à la Singularity University en Californie pour changer d’air, puis au Brésil pour développer une nouvelle start-up dans un incubateur et gérer bénévolement le projet « Girls in tech ». Sans m’en rendre compte, je m’étais laissée happer une seconde fois par le système…
Je faisais des allers-retours entre le Brésil et la France où je développais avec ma mère un centre de ressourcement dans la Drôme pour prévenir le stress au travail. Assez paradoxalement – la vie peut parfois être ironique – c’est là que je me suis réellement effondrée.

Pourquoi à ce moment précis, et qu’avez-vous alors ressenti ?

Le burn out se manifeste souvent lors d’un moment moins stressant, un peu comme « le calme avant la tempête ». Presque du jour au lendemain, je n’ai plus tenu debout, je n’arrivais plus à récupérer et étais sans cesse couchée avec de gros vertiges. Cela a duré deux ans. 

Les deux années suivantes, j’étais atone : je devais choisir entre travailler deux heures et voir un ami. Impossible d’assurer les deux. De plus, comme mon immunité avait chuté à la suite du burn-out, une maladie de Lyme sous-jacente s’est révélée et a aggravé mon état. J’ai alors commencé à me faire soigner de façon naturelle, que ce soit par l’acupuncture, l’auriculothérapie ou encore les huiles essentielles…  

“ Pour passer au light in, il faut aussi   et surtout passer du monde technologique  au monde biologique ”

Vous avez aussi décidé d’écrire un livre… 

Oui, le burn out vécu pendant quatre ans m’a amenée à m’interroger sur les causes profondes de cet épuisement, à les identifier, et à vouloir les transmettre afin d’aider les autres à sortir du burn out ou à ne pas y sombrer. J’ai réalisé que la vraie racine du burn out n’était pas forcément un excès de travail, mais bien un manque de sens, une incohérence… Et que le burn out des humains faisait écho à celui de la société. 

Le système technologique en place crée un cercle de dépendance dont les valeurs sont l’argent, la performance, 

la vitesse, le stress, la propriété intellectuelle qui tue les petits créateurs… Tout cela était incompatible avec mes propres valeurs… Pour moi, notre société se rapproche de l’effondrement et est elle-même en burn out, entraînant dans son sillage les personnes qui se mettent à son service…

Quelles solutions avez-vous mises en place   pour éviter/solutionner le burn out en regard de votre expérience ?

C’est assez simple : comme c’est l’incohérence qui génère le burn out, c’est la cohérence qui mène à la guérison. Cela passe d’abord par la cohérence du corps, la gestion de ses croyances et de ses émotions. Les méthodes naturelles peuvent notamment permettre d’y arriver. Je me suis à cette occasion replongée dans la richesse de l’ayurveda que j’ai étudiée lorsque j’étais adolescente. 

La vraie racine du burn out n’est pas forcément un excès de travail, mais bien un manque de sens 

J’ai aussi incorporé une partie sur la psychogénéalogie et le décryptage biologique. Rien qu’en retravaillant son arbre généalogique, on arrive à des changements cellulaires… 

Pour passer au light in, il faut aussi et surtout passer du monde technologique, au monde biologique, c’est-à-dire un monde où le respect, la coopération, l’autonomie, l’intelligence collective, l’économie circulaire, la créativité dominent. 

De mon côté, j’ai décidé de me consacrer à la transmission de ce que j’ai appris grâce à mon burn out auprès des individus et des entreprises. En parallèle, je développe une exploitation agricole expérimentale qui a pour objectif la mise en place de forêts comestibles, de systèmes résilients et autonomes avec des liens entre les écosystèmes, la nature et les hommes… 

Estelle développe aujourd’hui une exploitation agricole expérimentale qui a pour objectif la mise en place de forêts comestibles…

Estelle Rinaudo

Après avoir fait partie de l’élite technologique mondiale  qui devait changer le monde et travaillé de nombreuses années dans le secteur des start-up et de l’innovation, Estelle Rinaudo a choisi de devenir agricultrice.  Un changement post-effondrement libérateur qui lui permet aujourd’hui d’explorer de nouvelles manières  de vivre et d’œuvrer pour l’épanouissement des individus  et de la société en s’inspirant de la nature elle-même. 

Afin de contribuer à l’émergence de nouveaux écosystèmes à la croisée de l’agroécologie, du bien-être et de l’éducation, Estelle, qui est aujourd’hui basée à Lyon, s’est lancée dans l’écriture et donne régulièrement des conférences et formations en France et à travers le monde (TEDx..).  Elle a vécu en Italie, au Brésil, au Vénézuela,   au Texas et en Californie et parle cinq langues.

« Du burn out au light in – Témoignages et clés pour une renaissance individuelle et collective » 

Le livre est préfacé par  le Dr Eduard et  Judith Van den Bogaert 19 € – 272 p.  www.souffledor.fr