Le relation, ça se travaille!

octobre 31, 2022 0

Auteur du best-seller mondial « Cessez d’être gentil, soyez vrais », ou encore de « Être heureux, ce n’est pas nécessairement confortable », Thomas D’Ansembourg est thérapeute, formateur à la communication non violente, (CNV), conférencier, auteur de nombreux ouvrages…
Mais il est surtout l’heureux mari de Valérie depuis 25 ans et le père de leurs trois filles… Rencontre autour de nous-mêmes…

Thomas d’Ansembourg, vous avez été avocat de nombreuses années avant de devenir thérapeute, écrivain et formateur… Comment êtes-vous passé d’un monde à l’autre ? 

Je ressentais un certain ennui dans mon métier d’avocat.
Trop de pression, d’agressivité, d’urgence… J’avais dans le même temps compris que les malentendus étaient souvent des « mal exprimés » ou des « mal écoutés » et que si les gens apprenaient à mieux communiquer, on éviterait pas mal de conflits…
Mieux communiquer, cela voulait aussi dire voir les souffrances de l’autre derrière ses accusations ou ses insultes…
J’avais alors profondément besoin d’améliorer la qualité de la relation humaine… Cela m’a ouvert à la thérapie, puis à dix ans de bénévolat auprès de jeunes délinquants dans la rue.
Il s’agissait là du meilleur écolage pour comprendre le processus de la violence et suivre la voie qui est aujourd’hui la mienne. 

Justement, en parlant de violence, comment cette dernière prend-elle naissance ?

Elle s’instaure lorsque nous n’avons pas conscience de nous-mêmes, que nous sommes débordés par nos émotions, et que nous n’avons pas appris à gérer nos frustrations. Il s’agit là d’un enjeu de la connaissance de soi… Cette dernière permet un éveil du cœur qui nous fait voir la vie comme plus joyeuse, solidaire, partagée, créative et féconde. J’ai aujourd’hui beaucoup de joie à enseigner ce processus. 

Lorsque vous demandez en conférence combien de personnes connaissent au moins cinq couples heureux, seules quelques mains se lèvent parmi une assemblée nombreuse. Pourquoi est-il si difficile d’être heureux
en couple ?
 

La relation amoureuse est avant tout un apprentissage.
Or les gens qui tombent amoureux pensent que parce qu’il y a eu séduction et attraction, la relation coulera de source sans travail. C’est tout le danger de se marier lors de cette phase amoureuse, car on s’expose alors à des déconvenues. Une relation qui marche s’apprend comme le tennis, le ski ou une langue étrangère.
Et ça demande du travail, surtout au début. Je recommande d’utiliser la vie de couple comme un apprentissage de la relation et de s’y engager quand on a dépassé l’état amoureux. Il est important d’être conscient de ce qui nous a plu en l’autre au départ, mais aussi de ses ombres et de ses parties plus fragiles… 

Comment « travailler » concrètement cette relation ?

On peut la comparer à un jardin dont nous ne récoltons les fruits que si nous veillons à son entretien, à supprimer les pucerons, à placer les plants dans un lieu ensoleillé… Nous avons besoin de chérir la relation pour qu’elle fonctionne. Elle se constitue en outre de trois entités distinctes : toi, moi et nous. Le nous, qui naît au moment de la rencontre, est un être vivant qui va grandir, fleurir, mais aussi parfois se fatiguer, s’user, tomber malade, s’anesthésier et même mourir si nous n’en prenons pas soin.
La solution est de se chérir, de s’écouter profondément, d’accueillir la différence qui peut se muer en creuset de connaissance… 

Il n’est pas toujours facile de parler de ses besoins à l’autre (par exemple, « j’aimerais que tu m’accordes davantage d’attention ») lorsque certaines blessures nous accablent (comme la honte, le rejet, l’abandon…) Cela exige notamment une bonne dose d’humilité… Alors, comment faire ?

Pour commencer, les blessures sont à panser et à dépasser… Il n’est pas agréable de s’asseoir à côté de sa blessure et de lui demander ce qu’elle a à nous dire. Cette proximité fait peur, mais c’est de cette façon que l’on pourra la guérir et s’en défaire.
De plus, si l’on ne s’en occupe pas, la partie de nous qui a été blessée se resserrera et se refermera. 

Puis, ça s’enflammera, ça gangrènera, et ça pourra même nous emporter… Il est aussi plus facile de dire à l’autre que l’on est en colère à cause de lui, par exemple parce qu’il ne nous reconnaît pas assez, alors qu’au fond, c’est parce que l’on ne se reconnaît pas soi-même qu’on le projette sur l’autre. La projection doit absolument être évitée, car elle mène à l’accusation et à la violence. Effectivement, aller vers l’autre exige du courage et de l’humilité, deux qualités qui se rejoignent dans le processus de non-violence. On n’a jamais dit que le bonheur était confortable… 

Que préconisez-vous aujourd’hui pour un monde meilleur, plus apaisé, plus humain et plus heureux ? 

Je dirais une meilleure connaissance de soi qui passe par des approches comme la communication non violente… Celle-ci va beaucoup plus loin que le développement personnel, car elle est d’intérêt social, humain et collectif. Elle devrait être apprise depuis la maternelle avec des questions telles que « Quels sont mes talents et comment les mettre au monde ? » « Comment goûter la joie d’être dans une belle expansion au service de la vie ? » « Quels sont mes besoins ? » « Qu’est-ce qui me rend impuissant, enragé ou souffrant ? » Connaître ses faiblesses permettra de s’en défaire sans en faire payer le prix aux autres. 

Mieux se connaître constitue aussi un véritable engagement citoyen qui répond au nouveau paradigme de notre société, loin du drame, de l’attachement et de la souffrance, mais si proche de ce qui est riche, bon, fécond, et généreux. 

Le dernier livre de Thomas d’Ansembourg, « Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes » est disponible aux éditions de l’Homme.
 Infos : www.thomasdansembourg.com