Le grand retour du cannabis ? Cap sur le CBD

octobre 3, 2022 0

Le mot cannabis, qui évoquait encore il y a peu les volutes parfumées, les festivals de reggae et autres dreadlocks un peu louches, a aujourd’hui pignon sur rue et on le retrouve partout, jusqu’en pharmacie !

Que ce soit pour mieux dormir, gérer la douleur, enrayer une contracture musculaire, limiter l’inflammation, apaiser des problèmes de peau ou même soigner des maladies chroniques… tout le monde veut essayer le CBD !

C’est un juste retour en grâce, les propriétés médicinales du chanvre étant utilisées en phytothérapie traditionnelle depuis la nuit des temps. Diverses traces écrites attestent de son usage médicinal depuis la Chine impériale en passant par l’Égypte, la Perse, l’Empire romain… Un classique ! 

Son déclin, récent, est dû tout simplement à un abus de l’usage récréatif dans le courant du XXe siècle. Ceci doublé d’une concurrence indésirée avec divers produits industriels en plein essor (la fibre Nylon par exemple) amène à son interdiction et alimente une vision péjorative de sa consommation. 

La plante est pourtant cultivée depuis les débuts de l’Histoire humaine pour ses nombreuses ressources : ses fibres solides, ses graines nourrissantes, ses fleurs riches en substances médicinales et psychoactives…

Sainte Hildegarde écrivait à son sujet : « … sa graine contient la santé » et Christophe Colomb, qui a traversé l’océan grâce à des voiles en fibres de chanvre, en transportait des graines dans ses cales afin de pouvoir en planter une fois arrivé à destination ! 

On fait le point 

Le chanvre, Cannabis sativa L., se divise en trois sous-espèces, elles-mêmes hybridées en de nombreux cultivars, chacun présentant un profil biochimique légèrement différent. Les nombreux principes actifs de la plante vont se retrouver dans des proportions bien différentes selon la variété choisie. 

Parmi ces composants, on peut retrouver bien plus d’une centaine de cannabinoïdes différents. Les deux plus connus sont le CBD (cannabidiol) et le THC (tétrahydrocannabinol) qui est la substance psychotrope et addictive responsable de la mauvaise image du cannabis. Voilà pourquoi tous les produits à base de chanvre sont loin d’être équivalents ! 

Le CBD est extrait d’une résine sécrétée par des glandes (les trichomes), sorte de petit duvet présent sur les sommités fleuries. Cet extrait est ensuite incorporé à une huile végétale ou dans un autre type d’excipient qui permet un usage spécifique. On dénombre jusqu’à 500 constituants médicinaux présents dans la plante. 

Outre le CBD, la résine contient quantité d’autres principes actifs spécifiques : autres cannabinoïdes (CBG, CBC, CBN, CBL…), terpènes, flavonoïdes, etc. Parmi les flavonoïdes spécifiques, les cannaflavines A, B et C auraient des propriétés anti-inflammatoires jusqu’à 30 x plus puissantes que celles de l’Aspirine. 

Alors, comment s’y retrouver ? 

Le « Full Spectrum » contient l’ensemble des substances chimiques présentes dans la résine dont du THC jusqu’à hauteur de maximum 0,3 %. (La législation européenne prévoit de rehausser l’ancienne limite de 0,2 % à 0,3 % en 2023). 

Le « Broad Sectrum » contient l’ensemble des substances chimiques à l’exception du THC qui a été retiré. 

L’« Isolate » contient uniquement le CBD. Les autres cannabinoïdes et cofacteurs traces qui sont contenus dans la plante ne sont pas présents. Le Cannabidiol a été isolé et ajouté à un excipient neutre. 

Un bon herboriste vous dira toujours qu’une plante gagne à être utilisée en totum (plante entière).

Plus on isole, plus on se rapproche d’une vision allopathique de la molécule. Dans ce cas, une substance qui a été étudiée sera proposée pour les effets observés lors d’études validées, à un dosage (concentration) précis.  

Cette approche ne tient pas compte du mécanisme d’action des plantes qui travaillent de manière globale, sur des thématiques de santé en associant de façon synergique plusieurs molécules dont les effets différents convergent vers une même finalité. 

Dans le cas précis du CBD, l’option Broad Spectrum semble un bon compromis : en effet, pour ce qui est de la résine de cannabis, le THC est présent naturellement et n’est pas forcément désiré dans toutes les situations !

Si vous préférez vous diriger vers un full spectrum, notez que la législation belge actuelle n’autorise pas plus de 0,2 % de THC dans les produits vendus en pharmacie. Il est possible, pour le producteur, de contrôler cette concentration en sélectionnant les cultivars et en choisissant soigneusement la date de la récolte, le THC se développant plus tardivement dans la plante. Vous devriez idéalement pouvoir trouver le pourcentage de ces deux substances indiqué sur l’emballage. 

Si vous optez pour de l’« Isolate », renseignez-vous sur la provenance, les méthodes de fabrication et la fiabilité du laboratoire, étant donné qu’il est aujourd’hui possible et autorisé de fabriquer du CBD de synthèse. Or ce dernier-né n’est pas sans risques. 

La puissance et la multiplicité d’actions des cannabinoïdes s’expliquent par le fait que le corps sécrète naturellement des substances présentant d’intéressantes similitudes : les endocannabinoïdes. Les récepteurs qui leur sont dédiés sont présents principalement sur l’entièreté de notre système
nerveux, central et périphérique, mais également dans d’autres parties du corps. 

On parle d’un véritable système endocannabinoïde central : le SEC qui régule entre autres nos capacités d’adaptation. 

Un de ces endocannabinoïdes en particulier : l’anandamide (du mot sanskrit « ananda » qui signifie « bonheur suprême »), est un neurotransmetteur dont la structure moléculaire est proche de celle du THC. 

Restons prudents 

Le CBD ne présente pas de toxicité connue à ce jour dans les dosages raisonnables et il diminuerait même les effets nocifs du THC, mais il pourrait être responsable d’interactions médicamenteuses. Comme toujours, en cas de doute, de prise de médicaments, de grossesse et allaitement, demandez l’avis de votre médecin. 

Il est produit par le cerveau et semble impliqué dans la sensation de bien-être, le bon fonctionnement moteur, la mémoire, l’appétit, la douleur et l’humeur. Son efficacité est augmentée par la présence de CBD. 

Les cannabinoïdes végétaux agissent positivement et de manière complexe tant sur les récepteurs que sur l’équilibre biochimique de nos propres endocannabinoïdes. 

La version huileuse se prend de préférence sous la langue afin de ne pas laisser la digestion détruire une partie des principes actifs. Du point de vue de l’herboriste, le choix de l’huile de chanvre (huile extraite des graines) comme support sera le plus sensé puisqu’il permet de se rapprocher du totum de la plante et bénéficier ainsi des actions synergiques naturelles. 

Pour la version tisane : pensez à y ajouter une cuillère à café d’huile de coco ou un nuage de lait, les cannabinoïdes étant liposolubles, vous obtiendrez la meilleure biodisponibilité. 

Références

• Mtouch.clevercast.com (pour cbx medical)

• Hand A. et al., « History of medicalcannabis » 
in J Pain Manage, 2016.

• Dr P. Douek, « Le cannabis medical, une nouvelle chance », Solar Ed., 2020. 

• « Cannabidiol.Critical Review Report », présenté en 2018 au 14e meeting du Comité d’expertise sur la dépendance aux drogues de l’OMS. Bruxelles-j.be

• https://www.bruxelles-j.be/drogues-addictions/cannabis-legal-et-cbd/

• https://www.altheaprovence.com/